Question : La femme doit-elle se laver entièrement les cheveux lorsqu'elle prend un bain pour se purifier ?
Réponse :
En ce qui concerne le lavage des cheveux pour la femme lors du "Ghoussl" (bain rituel),
- Si la femme n'a pas les cheveux tressés :
Les savants s'accordent pour considérer qu'il est obligatoire à la femme de faire parvenir l'eau jusqu'à la racine des cheveux durant le "Ghoussl".
Pour ce qui est des cheveux défaits et flottants (شعر منقوض), selon l'avis qui fait autorité chez les oulémas hanafites 1 (ainsi que chez les châféïtes, les hambalites et les mâlékites apparemment), il est obligatoire de les laver complètement, suivant ce qui est énoncé dans ce Hadith :
"Sous chaque poil (ou cheveu), l'état d'impureté est présent, lavez donc les cheveux et nettoyez la peau."
(Sounan Abou Dâoûd, Tirmidhi et Ibn Mâdja - Hadith "dhaïf", c'est-à-dire qui présente des faiblesses au niveau de l'authenticité. Il est néanmoins validé par des savants (comme Moufti Taqui Outhmâni), étant donné que son contenu est confirmé par le sens d'un verset coranique -Sourate 2 / Verset 222-, ainsi que par des propos rapportés de Abou Houraïra (radhia Allâhou anhou) et de Ali (radhia Allâhou anhou) )
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- Si la femme a les cheveux tressés :
La majorité des savants (hanafites, mâlékites et châféïtes) sont d'avis que, dans ce cas, il ne lui est pas nécessaire de défaire ses tresses à condition que l'eau parvienne jusqu'à la racine des cheveux.
Leur principal argument à ce sujet est le Hadith qui relate que Oummou Salamah (radhia Allâhou anha) questionna le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) en ces termes : "Ô Messager d'Allah ! Je suis une femme qui se tresse les cheveux. Dois-je défaire ces tresses lorsque je prend le bain pour me purifier de l'état d'impureté majeure ("Djanâbah") ?" Le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) lui répondit : "Non, il te suffit de verser de l'eau sur la tête à pleines mains en trois fois, puis tu verses de l'eau sur ton corps pour te purifier." (Mouslim)
Selon ces savants toujours, si l'eau ne parvient pas jusqu'à la racine des cheveux (parce qu'ils sont recouvert d'une matière étanche, ou parce qu'ils sont si solidement tressés qu'ils ne laissent pas l'eau passer etc…), il faudra défaire les tresses. (Réf : "Al Mawsoûat oul fiqhiyah")
Les oulémas hambalites (ainsi que Hassan Al Basri r.a. et Tâoûs r.a.) ont pour leur part fait une distinction à ce sujet entre le bain qui est pris à la fin des règles et lochies ("haydh" et "nifâs") et celui qui est pris à cause de la "Djanâbah" (après avoir eu des relations sexuelles par exemple) : Dans le second cas, ils partagent l'avis majoritaire évoqué plus haut, alors que pour le bain pris après les règles, ils soutiennent que la femme devra nécessairement détacher ses tresses, et laver complètement ses cheveux. Leur avis repose, entre autres, sur le Hadith rapporté par Aîcha (radhia Allâhou anha) dans lequel elle relate ce qui s'était passé pour elle durant le pèlerinage d'Adieu : Le jour de 'Arafah (9 Dhoul Hiddjah), elle eut ses règles. Elle questionna alors le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) au sujet de la conduite à tenir. Celui-ci lui dit en se sens : "Délaisse ta Oumrah, détache tes cheveux, peigne les (en les lavant) (selon une autre version : "Détache tes cheveux et fais le "Ghousl") et (prononce la "talbiya") pour initier l'Ihrâm du Hadj (...)" (Boukhâri) (Réf : "Al Moufassal Fî Ahkâmil Mar'ah" - Volume 1)
Néanmoins, Ibn Qoudâmah r.a. écrit dans son ouvrage "Al Moughniy" que certains savants de l'école hambalite sont d'avis que, même pour le bain pris après les règles ou les lochies, il n'est pas obligatoire mais seulement recommandé à la femme de défaire ses tresses (ce qui signifie que, finalement, l'avis des hambalites sur ce point, est le même que celui de la majorité des savants.) Il précise que cet avis est le plus juste, étant donné qu'il existe une version du Hadith de Oumm Salamah (radhia Allâhou anha) (évoqué plus haut), cité par l'Imâm Mouslim r.a., dans lequel il est rapporté que la question que celle-ci posa au Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) ne portait pas seulement sur le bain pris pour se purifier de la "Djanâbah", mais également du "haydh" et du "nifâs"... La réponse qu'elle reçut de la part du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) avait donc une portée générale.
A noter que, dans le Hadith de Aïcha (radhia Allâhou anha) que les oulémas hambalites utilisent souvent pour justifier la distinction qu'ils ont établi, il n'est question à aucun moment de bain pris pour se purifier après le "haydh". En effet, comme le fait remarquer l'Imâm As San'âni r.a., le "Ghousl" que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) recommande à Aïcha (radhia Allâhou anha) ("ghousl" au cours duquel il lui demande de défaire ses cheveux) précède en fait le passage de celle-ci en état de sacralisation ("ihrâm"). Cela n'a donc aucun rapport avec le bain de purification pour la prière, étant donné que Aïcha (radhia Allâhou anha) affirme elle-même dans le Hadith que ses règles venaient tout juste de commencer... (Réf : "Souboul ous salâm")
Wa Allâhou A'lam !
Et Dieu est Plus Savant !